« Assister à la première exposition d’un artiste, c’est un peu comme observer une fleur en pleine éclosion. »
Maeva Freyburger est une jeune photographe de 22 ans originaire du Haut-Rhin. Dimanche 20 septembre, elle a réalisé son premier vernissage à l’hôtel Kaijoo. Dans l’espace café lounge, une série de dix photographies est exposée. Le projet s’intitule « Autophobia » et s’articule autour du corps, de la psychologie et de cette phobie assez commune.
L’autophobie : la peur de soi-même
L’autophobie désigne l’angoisse d’être seul. Les personnes atteintes de cette peur aigüe ont besoin d’avoir une présence physique constante auprès d’eux. Cette phobie est caractérisée par un sentiment d’insécurité permanent. Souvent liée à l’enfance ou à une situation traumatisante, l’autophobie concerne des individus qui ont été exposées seules face à une situation de danger. De manière plus profonde, c’est aussi la peur de soi-même. Un fort sentiment d’abandon et d’impuissance qui crée un mal-être imposant.
L’objectif à travers cette série n’est pas thérapeutique, mais simplement de retranscrire le duel intérieur des individus concernés. C’est un travail personnel qui est présenté pour la première fois par la photographe.
Transparence et nudité
Les dix pièces exposées, en format portrait et paysage, dévoilent des corps féminins et masculins dénudés. Le shooting a été réalisé avec la participation de deux modèles. Les images sont en noir et blanc, très contrastées et marquées par une lumière assez dure. Les corps se détachent avec clarté sur un fond bouché, sombre. L’absence de couleur confère à l’ensemble de l’exposition une atmosphère intemporelle, universelle, qui n’appartient à aucun espace défini.
Les jeux avec les lumières et les reflets captivent notre regard. Une forme d’intensité se dégage de la série. Un film polypropylène transparent est positionné sur les modèles, il devient le fil conducteur de l’exposition. Plus important encore, cette matière permet de créer une cohérence entre les différentes créations. Avec celui-ci, les corps sont enfermés dans une bulle suffocante : reflet de l’angoisse qui caractérise l’autophobie. Ainsi, le travail sur les textures devient davantage perceptible. L’un des portraits a par exemple été photographié à travers les reflets d’un miroir brisé. Le visage apparaît déstructuré, fragmenté, comme sorti de la réalité. L’accent sur les expressions des modèles est fort. À travers chaque photographie, le tiraillement entre force et sensibilité se fait sentir. L’ensemble de l’exposition illustre de manière métaphorique l’autophobie, témoignant d’une solitude accablante. Une installation vidéo aurait été intéressante, malgré la difficulté et l’organisation qu’elle représente lors d’une exposition. En revanche, le partage d’une vidéo des backstages du projet, sur les réseaux sociaux de Maeva Freyburger, est une initiative intéressante.
Des premiers pas réussis par Maeva Freyburger dans le monde de la photographie artistique. Avec un œil aiguisé et une vision claire, elle a su transmettre un message limpide et marquant, en toute simplicité.
Pour retrouver le travail de Maeva Freyburger :