« Quand un bruit vous ennuie, écoutez-le. »
J.Cage
Installés sur scène, nous observons silencieusement ce qui nous entoure : quatre musiciens, un piano à Queue et des synthétiseurs modulaires.
Lumière, l’expérience commence.
Cette année, c’est le troisième laboratoire de l’écoute au Festival Musica. Nicolas Thirion, Baptiste Chatel, Cécile Thévenot et Nadia Ratsimandresy forment ensemble le collectif de la Générale d’Expérimentation. Basé à Dijon depuis 2009, l’association réunit une dizaine d’artistes issus d’horizons musicaux différents. Avec leur laboratoire sonore, ils adaptent les concepts de Cage ou de Coltrane à des thématiques contemporaines.
Ici, l’écologie est mise à l’honneur : comment faire de la musique de manière minimaliste ?
Nicolas Thirion prend la parole. Dans son rôle de chef d’orchestre, il dirige les enchaînements entre les performances et les réactions du public. Vient alors la troisième expérience. Elle débute par une vidéo silencieuse, projetée sur grand écran. Inspirée par the few silence de Douglas Bareth, on y voit le collectif assis près du conservatoire. Durant 5 minutes, ils écoutent et notent les sons qui les entourent. Les contraintes sont strictes : décrire les sons, sans jamais réellement les nommer. Chacun se fie à son intuition. Sur scène, avec nous, les artistes interprètent avec leurs instruments respectifs les bruits qu’ils ont pu percevoir lors de leur écoute. Le résultat se concentre sur la question de l’écoute de l’environnement. Pour créer une partition, les choix devaient être rapides, la notation n’était qu’une succession de signes subjectifs. Tout repose sur l’instinct, l’imprégnation du rythme. Certains ont joué du lointain au proche, d’autre ont interprété « 4 traits verticaux ». Les disciplines se croisent, la parole reste ouverte. Le laboratoire questionne le langage et la subjectivité, pour inventer une nouvelle manière d’écouter.